Introduction au symbolisme chrétien
L'Agneau mystique de van Eyck
Etat des lieux
Le symbolisme chrétien a connu son âge d’or au temps des cathédrales, c’est-à-dire au Moyen Age, il a évolué mais est resté vivant à la Renaissance et il a connu un certain déclin à partir des Temps Modernes.
Aujourd’hui, il est plutôt l’affaire de spécialistes et si les générations d’avant la seconde guerre mondiale ont encore eu des notions de symbolisme, ces notions s’effacent comme dessins sur le sable au niveau des nouvelles générations.
Comment en est-on arrivé là ?
La déchristianisation progressive de notre société y est pour beaucoup, certes, mais le fait que les fidèles n’ont plus trouvé au sein du clergé les guides qui pouvaient leur donner les clefs du symbolisme chrétien n’y est certainement pas non plus étranger.
Au cours des dernières décennies, l’Eglise s’est de plus en plus contentée de répondre aux questions des fidèles par des dogmes et des encycliques, c'est-à-dire de simples affirmations, sur base du principe qu’il est plus important de croire que de comprendre. C’est sans doute satisfaisant pour le gros des fidèles, mais de tous temps il a existé des croyants qui souhaitaient croire ET comprendre, l’un n’excluant pas l’autre.
Mais, direz-vous, pourquoi donc faut-il un guide qui donne des clefs ? Un dictionnaire des symboles ne suffit-il pas ?
En fait, pour être décrypté, un symbole doit rester, ou être replacé, dans le contexte qui peut l’éclairer. Sorti de son contexte, le symbole ne parle plus à l’âme de celui qui essaie de le comprendre. Et tout le problème est là, car le symbole chrétien parle à l’âme et non à la raison ou à l’intellect.
Un adage hermétique dit : « Tout est symbole ». C’est sans doute vrai, encore faut-il interpréter le symbole dans son domaine d’action.
Lion héraldique
Le Lion héraldique (puissance et protection) ne doit pas être confondu avec le Lion du Zodiaque (élément feu, création, orgueil, autorité)
symbole du lion zodiacal
qui doit lui-même être distingué du Lion de Juda (le Christ).
le Lion de Juda
Le symbole chrétien dont nous allons parler est assimilable à un archétype. Il se définit par le lien intime et indissoluble qui lie l’objet matériel, ou le geste représenté, à sa signification spirituelle. Il est caractérisé par cette union analogue à celle de l’âme et du corps, du ciel et de la terre, de la réalité visible et de l’invisible. Pourquoi ? Mais tout simplement parce qu’il ne fait qu’expliciter une réalité spirituelle existant déjà implicitement dans l’objet.
Exemple. Un symbole évident pour tout être humain, et donc universel, est celui du soleil en tant que représentation symbolique de la divinité, et ce quelle que soit la croyance de référence, car nous sommes ici au niveau de l’archétype.
Aton répandant ses bienfaits sur Akhenaton
La confusion moderne
Pourquoi donc l’homme moderne a-t-il en grande partie perdu le sens des symboles et doit-il réapprendre à les interpréter ?
La raison principale est sans doute que, dans le système mental de la plupart de nos contemporains, il manque toute une série de représentations cosmologiques, c’est-à-dire d’images de l’univers qui permettent d’en saisir les arcanes. Chez l’homme d’aujourd’hui, le monde est le plus souvent perçu comme un agglomérat de phénomènes, alors que pour l’homme traditionnel (nous parlons de l’homme qui n’a pas perdu le fil d’Ariane de la Tradition), le monde est un organisme harmonieux et hiérarchisé. On en retrouve de nombreuses formulations chez les théosophes du XVIIIe siècle.
La conception moderne est purement quantitative et la science moderne multiplie les découvertes, spectaculaires sans doute, mais qui n’ont pas contribué à l’évolution spirituelle de l’homme, que du contraire, serait-on tenté de dire. A l’opposé, dans la conception traditionnelle et qualitative, on considère moins les phénomènes et les forces matérielles que la structure interne du monde et son architecture spirituelle.
Les origines du symbolisme chrétien
La formulation chrétienne de cette métaphysique se retrouvait déjà chez Denys l’Aréopagite, évêque d’Athènes au 1er siècle, continuateur en cela de la pensée de Platon. Platon qui disait que la Vérité, objet de la science, n’est pas dans les phénomènes particuliers et passagers, mais dans les Idées. Un certain nombre de Pères de l’Eglise reprendront, en l’adaptant, cette pensée platonicienne qui perdurera jusqu’au XIIe siècle.
Au XIIe siècle, un nouveau thème apparait avec Saint Thomas d’Aquin : celui de l’harmonie entre la Foi et la raison. C’est le point de départ du thomisme, mais aussi de la scolastique, cette méthode d’enseignement des écoles du Moyen Age, fondée sur la tradition et sur l’emploi du syllogisme. La pensée chrétienne prend alors une orientation aristotélicienne, montrant toute la nature comme un immense effort de la matière pour s’élever jusqu’à la pensée et à l’intelligence.
Raphaël nous montre ici Platon désignant les Idées
et Aristote désignant la Nature (l'Ecole d'Athènes)
C’est la philosophie de Descartes qui va rompre avec la tradition scolastique considérée comme dogmatique et sclérosée. Mais rien n’étant idéal, au fur et à mesure que la logique cartésienne triomphe, l’authenticité des origines s’estompe et la raison raisonnante enfle.
Nous en arrivons ainsi à l’homme moderne, immergé dans le monde sensible, qui ne peut rejoindre le divin qu’au prix d’un patient travail de retour aux sources. Pour l’homme traditionnel, au contraire, grâce à son contact permanent avec la nature, le sens du symbole cosmologique est présent et évident. C’est ce qui fera dire à Louis-Claude de Saint-Martin, dit le Philosophe Inconnu, que seule l’intelligence du cœur peut nous aider à comprendre le sens de l’existence alors que l’esprit cartésien (la raison raisonnante) nous en éloigne.
A l’origine, le christianisme ne possédait pas de symbolisme cosmologique, du moins pas directement. Mais dès le début il évolua au milieu de traditions religieuses qui utilisaient ce langage symbolique. Les religions anciennes du Bassin Méditerranéen et du Proche-Orient étaient des religions dites « cosmiques », en grande partie solaires, forme habituelle des grandes religions dites « naturelles ». Les grandes religions ont toujours affirmé l’existence d’une Révélation primitive qui, en dépit de dégénérescences successives, a persisté à l’état sporadique. Le côté universel de la tradition catholique (katholikos, en grec, signifie « universel ») résulte d’ailleurs de son intégration bon gré mal gré de l’héritage des confréries antiques qui imprégnaient l’esprit de l’époque. Et ces confréries utilisaient bien entendu un symbolisme cosmologique étroitement lié à celui des anciennes religions.
les représentations d'Isis et Horus ont indubitablement
inspiré celles de Marie et Jésus
Un phénomène analogue s’est produit dans le domaine juridique. Et plus précisément dans le domaine de la jurisprudence. Le christianisme n’avait pas de législation révélée comme le judaïsme ou l’islamisme ; il a donc adopté le droit romain qui, dans toute la mesure où il était acceptable, était censé représenter la loi naturelle.
On ne s’étonnera donc plus maintenant de retrouver dans la symbolique chrétienne les grands thèmes du symbolisme antique mêlés aux thèmes proprement chrétiens et vivant en harmonie du fait de leur conformité aux normes sacrées universelles.
Identification du symbole
Au sens général, les symboles font partie de notre univers quotidien, ils remplissent notre vie de jour comme de nuit. Nous les utilisons dans notre façon de nous exprimer, que ce soit par gestes, par paroles, par écrit (manuscrit ou informatique), dans la formulation de nos pensées comme dans nos rêves. C’est pourquoi l’étude des symboles touche aussi bien l’anthropologue que le religieux, le psychologue que le critique d’art, le vendeur de voitures que le politicien.
Jean Chevalier disait : « nous vivons dans un monde de symboles et un monde de symboles vit en nous ».
Origine du mot symbole
Le mot symbole vient du grec sumbolon : il désignait un objet composé de deux parties, souvent une sorte de jeton, un morceau de poterie ou une tablette, brisé en deux pour permettre à deux personnes de se reconnaître en reconstituant ensemble l’objet initial. Il s’agit donc d’un signe de reconnaissance. De plus dans le verbe sumballein nous retrouvons l’idée de rassembler, de réunir. Le symbole permet donc à des personnes de se réunir et/ou de se reconnaître.
Dans le pythagorisme, le mot « symbole » désigne une parole, un enseignement secret, avec sa double face : une expression énigmatique et un sens profond. A l’opposé du « symbolique » on trouve le « diabolique », ce qui divise (du grec diaballein, diviser, disperser, rendre confus).
Jusqu’au début du XXe siècle, on dira « la symbole ».
Vrais et faux symboles
Au niveau primaire et matériel, on parle de marque ou d’insigne ; dès qu’on se dirige vers l’abstraction, on parle d’emblème, puis d’allégorie ; le symbole apparaît dans toute sa noblesse quand il est la représentation conventionnelle d’un élément du langage sacré.
Examinons cela de plus près.
Un lion stylisé représenté sur une publicité ou sur le capot d’une voiture est une marque.
marque
Le même lion stylisé sur les boutons d’un uniforme ou sur le béret d’un militaire, n’est plus une marque, mais un insigne.
insigne
Un lion héraldique sur un drapeau ou sur un blason n’est plus un insigne mais un emblème représentant la force et la puissance. La famille royale de Belgique a pour emblème un lion héraldique figurant sur un blason entouré d’un collier, couvrant deux sceptres entrecroisés et surmonté d’une couronne : l’ensemble formé par cet emblème symbolise la souveraineté.
emblème de la famille royale de Belgique
Autre exemple : la croix de Lorraine. Sur une veste militaire ou un képi, c’est un insigne. Sur un avion et se détachant sur une cocarde tricolore, c’est toujours un insigne. On ne salue pas la cocarde d’un avion. Mais si elle figure sur un drapeau national, ce n’est plus un insigne, c’est un emblème que l’on saluera pour bien montrer la valeur symbolique qui lui est attachée. C’est ainsi que le drapeau national est l’emblème de la patrie.
En schématisant, on peut dire que le symbole, en tant que marque ou insigne, appartient au langage profane, en tant qu’emblème ou attribut, il appartient au langage théologique ou exotérique, et en tant que représentation conventionnelle du langage sacré, il appartient au langage ésotérique ou mieux, au langage initiatique.
L’allégorie, quant à elle, est la représentation sous la forme humaine, animale ou végétale d’un exploit, d’une vertu ou d’un être abstrait. Ainsi une femme ailée peut devenir l’allégorie de la victoire, une corne d’abondance sera l’allégorie de la prospérité, un squelette maniant une faux est une allégorie de la mort, ou encore une femme les yeux bandés tenant dans une main une épée et dans l’autre une balance est une allégorie de la Justice.
allégorie de la Justice
Henri Corbin nous dit[1] :
« L’allégorie est une opération rationnelle, n’impliquant de passage ni à un nouveau plan de l’être, ni à une nouvelle profondeur de conscience ; c’est la figuration, à un même niveau de conscience, de ce qui peut être déjà fort bien connu d’une autre manière. Par contre, le symbole annonce un autre plan de conscience que l’évidence rationnelle, il est le « chiffre » d’un mystère, le seul moyen de dire ce qui ne peut être appréhendé autrement. Le symbole n’est jamais expliqué une fois pour toutes, mais toujours à déchiffrer de nouveau, de même qu’une partition musicale n’est jamais déchiffrée une fois pour toutes, mais appelle une exécution toujours nouvelle. »
L’utilisation des symboles dans l’Eglise
« Le symbole proprement dit est la représentation conventionnelle d’un élément du langage sacré », nous dit Paul de Saint Hilaire, « c’est alors l’hiéroglyphe d’une langue, réservée à l’Initié, transmise par l’Initiation et étudiée par la Symbolique. On réservera le terme de symbole à cette dernière catégorie »[2] .
Une représentation conventionnelle quelconque n’est donc pas nécessairement un symbole. Exemple : la coquille peut être :
1. L’insigne d’un pèlerin
2. L’emblème (ou attribut) de Saint Jacques de Compostelle
3. Le symbole de l’initiation : sous la forme du baptême du Christ par Saint Jean-Baptiste.
le baptème du Christ
Au Moyen Age, une des fonctions des chanoines était de transmettre à ceux qui s’en montraient dignes les clefs qui permettaient de comprendre les phrases symboliques gravées dans la pierre des édifices religieux. On retrouvera principalement ces phrases symboliques aux tympans des cathédrales et dans la plupart des églises et chapelles qui jalonnent les trois grands chemins de pèlerinages : Jérusalem, Rome et Saint Jacques de Compostelle. Le pèlerinage était à cette époque le moyen par excellence de progression initiatique de par son cheminement tant physique que spirituel sur la voie de la Connaissance et de l’Illumination. La signification des phrases symboliques s’éclairait au fur et à mesure de l’approfondissement de la quête spirituelle, tant il est vrai « qu’une lumière trop vive aveugle celui qui n’est pas préparé à la recevoir ».
Prenons un exemple : Sainte Marguerite d’Antioche est généralement représentée sortant d’un dragon de couleur verte et tenant celui-ci en laisse. Une simple légende ? Bien sûr que non : tout est message dans la symbolique chrétienne. D’ailleurs légende vient du latin legenda : ce qui doit être lu. Rien à voir donc avec un conte pour enfants.
Sainte Marguerite d'Antioche
Sainte Marguerite d'Antioche, une sainte très populaire au moyen-âge, se retrouve plus d’une fois sur les routes de pèlerinage. Jetée en pâture à un dragon qui l'avala, elle sortit indemne du corps du monstre, qu'elle attacha avec sa ceinture et qu'elle contraignit à la suivre. Or "marguerites" en grec signifie « perle » ou « pierre précieuse » et le dragon, gardien traditionnel des trésors dans la mythologie, symbolise le feu qui garde, qui protège ou qui transforme. Il faut bien sûr examiner le contexte, mais Sainte Marguerite peut, entre autres, nous indiquer que la pierre vile, transformée par le feu, devient pierre précieuse ou que l'âme du pèlerin, transformée par le feu de l'esprit, donc le feu de la Connaissance, devient un joyau au service de Dieu. Car la pierre précieuse n'est pas extérieure à nous: elle est cachée au plus profond de nous, elle fait partie de notre essence intime. C'est là le sens de l'adage hermétique VITRIOL: "visite l'intérieur de la terre et, après transformation, tu trouveras la pierre cachée". Sainte Marguerite est ici la pierre cachée, la pierre précieuse, sortant du plus profond des entrailles du dragon, donc de la partie grossière de l'être qu'elle domine et qui lui obéit.
En langage du Moyen Age on pourrait également dire qu’elle a transformé les Vices, c’est-à-dire les énergies négatives, en Vertus, c’est-à-dire en énergies positives.
Ce serait une grave erreur de n'y voir qu'un sens moral.
C'est aussi une façon de décrire le processus de passage de la pierre brute à la pierre taillée puis sa transformation en pierre précieuse, après avoir trouvé la quintessence, donc la Connaissance, ou avoir reçu la grâce : celle qui transforme et qui nous permet de retrouver notre état divin.
On l’aura compris, quand on parle de symbolisme chrétien, c’est moins pour désigner un ensemble de symboles inspirés par la religion chrétienne, que pour évoquer la conception générale qu’elle se fait du symbole et de son usage.
Hélas avec la diminution, puis la quasi-disparition des grands pèlerinages, le langage symbolique est tombé petit à petit en désuétude et les chanoines chargés de transmettre les clefs ont été affectés à d’autres fonctions, faute de demande.
Chanoine en habits d'hiver
Ludovicus Clercq and Leo Vlaming, Ghent 1812
Le symbole aujourd’hui
Il ne faudrait pas conclure que les symboles ont disparu parce qu’ils sont moins apparents et parce que le langage symbolique semble moins utilisé que dans le passé. Le symbole en tant que représentation conventionnelle d’un élément du langage sacré est toujours bien vivant et bien actif. Il l’était dans l’antiquité, il l’est toujours de nos jours. Grâce à sa nature et à sa structure.
Le symbole est une synthèse entre, d'une part, l’héritage de la Tradition, avec ce qu’elle contient d’éléments conscients et inconscients pour chaque individu, et, d'autre part, l’expérience personnelle qui enrichit l’individu. Car le symbole joue sur des structures mentales en appelant une image, et donc l’imagination, et en mettant ensuite en mouvement le psychisme qui va graviter autour d’elle.
Carl G. Jung
C’est surtout Carl G. Jung qui nous éclairera dans ce domaine avec sa théorie des archétypes. Pour Jung il existerait dans l’âme humaine des modèles d’ensembles symboliques qui seraient à la fois formés d’avance, structurés en eux-mêmes et dynamiques, c’est-à-dire capables de par leur structure de former d’autres structures ordonnées. Ces archétypes seraient si profondément inscrits dans l’inconscient qu’ils se manifesteraient comme des structures psychiques quasi universelles, soit innées, soit héritées. Selon Jung, ces archétypes s’expriment à travers des symboles particuliers qui par leur puissance propre jouent un rôle moteur dans l’évolution de la personnalité et permettent son unification.
Précisons toutefois que ce qui est commun à l’humanité au niveau des archétypes ce sont les structures, qui sont constantes, et non les images apparentes qui peuvent varier en fonction des individus, des époques et des cultures. Ces structures sont des incitations pour le sujet à devenir lui-même et favorisent le développement harmonieux de sa personne.
La finalité du symbole
Soyons clairs, nous entrons ici dans un domaine quelque peu subjectif car la finalité ou la fonction du symbole varie en fonction du groupe ou de la collectivité qui fait usage du symbole et du langage symbolique. Il est évident que la finalité du symbole ne sera pas la même pour un Athée matérialiste que pour un Cherchant attiré par la spiritualité, qu’il adhère ou non à une religion particulière. Il n'y a aucun jugement de valeur dans cette constatation, c'est un fait, tout simplement.
Les Initiés savent qu’ « une des raisons d’être du langage hermétique, et donc des symboles qui le composent, est d’atteindre par delà la zone de clarté superficielle de la raison, les profondeurs obscures d’où jaillira la lumière nouvelle révélant à l’homme le divin qui l’habite ».[3]
Depuis l’antiquité jusqu’à nos jours, les sociétés initiatiques ont démontré que les cosmogonies et les systèmes de pensée peuvent être transmis par des symboles qui restent dépourvus de sens pour les profanes. Ces symboles ont pu se transmettre de génération en génération avec des commentaires oraux, souvent, avec des commentaires écrits, parfois, de sorte que leur interprétation ne s’est jamais tout-à-fait perdue. De plus, l’expérience initiatique permet de se rendre compte de ce que, lorsqu’un doute s’élève sur un point obscur, on peut consulter le symbole sacré et, en le méditant, retrouver ce que des efforts de pensée qui ont traversé les siècles, ont voulu y enfermer.
et les ténèbres ne l'on point comprise (Jean 1,5)
Conclusion
Il est évidemment regrettable que les clefs de beaucoup de symboles chrétiens aient été perdues (volontairement ou involontairement). Il n’est pas trop tard, mais il est temps de sauvegarder ces trésors spirituels.
A ce propos, Louis Cattiaux, ce penseur si profond du XXe siècle, auteur du Message Retrouvé, ne disait-il pas :
« Que les gardiens qui ne peuvent transcender les figures, les symboles et les rites de leurs religions, n’empêchent pas ceux qui cherchent le salut de Dieu d’aller au-delà des apparences destinées à contenir les profanes ». (Livre XXVI, 20)
Heureusement les symboles sont toujours là. Ils figurent aux frontons des cathédrales, des basiliques, des monastères et dans les chapelles des églises qui s’égrènent le long des chemins de pèlerinage.
Et les textes aussi sont toujours là. Je parle des écrits des Pères de l’Eglise, des philosophes chrétiens, des mystiques, des théosophes qui ont commenté les symboles, les ont développés et en ont fait des sujets d’étude qui nourrissent encore aujourd’hui les vrais Cherchants.
Enfin, ne faut-il pas faire confiance à l’adage hermétique qui nous rappelle que : « le Maître paraît quand le disciple est prêt » ?
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[1] L’imagination créatrice dans le soufisme, Paris, 1958
[2] Paul de Saint-Hilaire, Cours de Symbolique, 1ère année, Bruxelles, 1979
[3] La voie de la transformation, Etienne Perrot, Librairie de Médicis, 1970