MIRANDUM

 
 

La Légende de Sainte Aline (Alène) de Dilbeek




 
Sainte Alène la main posée sur son arbre,
entre l’église St Denis et la châsse contenant ses reliques
 
 
Introduction
 
Alène ou Aline, est un prénom féminin dérivé d'Adelin, forme d'"Adeline" qui signifie "noble et douce" en langue germanique (du préfixe adal, noble et  lind, douceur).
Sainte Alène (en Brabant), alias Sainte Aline (en France), est une vierge et martyr du VIIe siècle (elle serait morte aux environs de 640), mais sa Légende ne sera rédigée que cinq cents ans plus tard, soit au XIIe siècle. Légende ne signifie pas ici conte édifiant ou récit merveilleux, mais doit être pris dans son sens premier, venant du latin « legenda » : « ce qui doit être lu ». Le vrai sujet n’est dès lors pas non plus historique (notion moderne qui intéresse peu l’homme du moyen-âge), mais consiste plutôt « à décrire un conflit dont Dieu et l’Esprit du mal sont les protagonistes et dont l’homme est à la fois le terrain, l'enjeu et l'acteur [1] »
 
Sainte Alène (nous l’appellerons ainsi dorénavant) a sa légende et son culte bien ancrés dans le terroir bruxellois.
Mais remise dans son contexte, cette légende de Sainte Alène se rapporte à la période de conversion des païens Francs. Or les Francs sont issus des tribus germaniques qui conquirent la Gaule au Ve siècle de notre ère. Il n’est donc pas étonnant que la Sainte soit également vénérée dans les pays germaniques et slaves (Alina, Lena, Ilona, Aljona).
 
Sa fête se célèbre le 16 juin en Belgique, le 20 octobre dans les autres pays catholiques et le 19 juin dans les pays chrétiens orthodoxes.
 
La légende
 
Alène était la fille de Levoldus (en latin, Léopold en français, Leeuwold en langue locale) et de Hildegarde, châtelains de Dilbeek, dans le Brabant, à lépoque du roi Clovis II (qui régna de 635 à 657). Son père était un seigneur Franc et était donc païen comme la majorité des Francs de cette époque. Certains textes disent qu’elle est née aux environs de l’an 630.                                     
Elle appartient à la génération précédant celle de Sainte Gudule, fille du comte Witger et de Sainte Amalberge, qui serait née vers 650 au château de Hamme, près d’Alost, et serait morte aux environs de 712. Gudule était la nièce de Sainte Gertrude de Nivelles, dont l’abbaye fut créée en 640, date présumée de la mort de Sainte Alène.
 
Revenons à Levoldus (littéralement : le vieux lion).
Un jour quil chassait sur les bords de la Senne, il arrive à Forest où il rencontre un ermite qui lui parle de la religion chrétienne. Rentré chez lui, il raconte son aventure aux membres de sa famille. Sa fille Aline se sent attirée par cette nouvelle foi chrétienne. Elle se rend auprès de lermite, et après avoir été instruite dans la foi reçoit le baptême. La légende précise même :
 
« Saint Amand qui se trouvait alors à Forest, la reçut à bras ouverts et ne pouvait se lasser de ce que l’Esprit-Saint avait opéré dans son cœur. Il acheva de l’instruire, et lorsqu’elle fut suffisamment éclairée sur tout ce qu’elle devait croire et pratiquer, il lui conféra lui-même le Saint Baptême. »[2]
 
A partir de ce moment, elle assiste aux offices religieux célébrés par l’ermite de Forest, et la légende rapporte que ses activités s’accompagnent souvent de prodiges.
Ainsi, un jour qu’elle se rend de nuit à Forest, elle trouve la porte de l’église close. Un valet lui explique que le prêtre est souffrant, mais elle lui dit d’aller le chercher et, quand le valet arrive chez le prêtre, celui-ci est instantanément guéri.
Une autre fois, comme elle ne voulait pas rentrer dans l’église avec son bâton de marche, elle l’enfonce dans la terre.           
 
« Après le service divin, lorsqu’elle sortit de l’église et voulut reprendre son bâton, elle trouva qu’il avait poussé des branches et des feuilles. La tradition du pays porte, que c’est le noisetier, que l’on voit encore à Forest, près de l’église paroissiale. »
 
Mais son père, furieux de la voir s’intéresser à cette nouvelle religion qu’il considère comme une religion pour les faibles, le lui interdit. Elle ne tient toutefois pas compte de cet ordre et s’échappe de nuit du château pour assister aux offices. On dit même qu’elle soudoya le gardien chargé par son père de la surveiller en lui donnant ses perles.


Aline soudoyant le garde


Bref, la nuit, à l'insu de ses parents, elle s'échappait du château de Dilbeek et, à travers les champs, halliers et prairies, elle se hâtait pour entendre la première messe célébrée à l’aurore à l’oratoire de Forest.
Levoldus, informé des mystérieuses sorties nocturnes de sa fille, donna à un de ses gardes  l'ordre de la suivre. Or donc, la nuit suivante, comme d'habitude, Aline quitta la demeure paternelle. Le garde qui veillait, se mit à la suivre, sans qu'elle s'en doutât. Et voici qu'arrivée au bord de la Senne, la jeune fille traversa la rivière en marchant miraculeusement sur l'eau.
Le garde ne put la suivre, car il n’y avait à cet endroit ni bateau, ni pont.
Le garde s'empressa d'aller conter le prodige à son maître.



Sainte Alène traversant la Senne en marchant sur l’eau
 
 
Celui-ci, furieux, envoya ses hommes d’armes pour la ramener de force.
 
“C'est de la sorcellerie, fulmina Levoldus, prenez vos armes, emparez-vous d'elle et amenez-là moi !”.
 
Les hommes d'armes guettèrent donc le retour de la jeune fille. Surgissant des roseaux de la rive ils sautèrent sur elle. Elle tenta d’abord sans succès de se libérer de leurs mains. Aline supplia ensuite les soldats de son père de la laisser aller mais, devant leur refus, elle parvint à s'accrocher de toutes ses forces au tronc d'un peuplier.
 
« Dans la rage qui les animait, ils se jetèrent sur elle, et les efforts qu’ils firent furent si grand, que le bras par lequel ils la tiraient se rompit et leur resta même dans les mains, séparé du reste du corps. Son corps demeura noyé dans son sang, et son âme innocente et déjà pleine de mérites, alla recevoir de son divin époux la double couronne de Vierge et de Martyre.»




Sainte Aline résiste aux soldats en s’accrochant de toutes ses forces
à un arbre
 

La Légende rapporte qu’un ange descendit alors des cieux et porta le membre sanglant sur l'autel de l'église consacrée à Saint Denis
 


Le médaillon central montre l'ange posant le bras
de Sainte Alène sur l'autel
 

I
ntrigués par la découverte du bras sur l’autel de Saint-Denis, qu’ils reconnurent pour celui d’Alène, le prêtre de Forest et quelques paroissiens se mirent à sa recherche. Son corps ensanglanté fut retrouvé près de la Senne. Alène fut enterrée près de la petite église paroissiale en bois dédiée à Saint-Denis, et une chapelle fut construite sur sa tombe.



 
Les paroissiens ramènent le corps de Sainte Alène à Forest
 

Mais rapidement le bruit courut dans la région que des guérisons s’accomplissaient en faveur de ceux qui venaient honorer ce tombeau.
Un riche seigneur du pays, nommé Osmonde, aveugle et impotent, se fit porter à ladite chapelle où il fut guéri de sa cécité et recouvra le libre usage de ses membres. Se rendant aussitôt chez Levoldus pour lui faire part du miracle, ce dernier se repentit de son crime, fit amende honorable et décida de se convertir.
Il se fit baptiser, ainsi que son épouse et prit le nom de baptême de Harold. Dès ce moment, tous deux, dit-on, menèrent une vie chrétienne exemplaire et on les enterra à Dilbeek dans l'église de Saint-Ambroise qu'ils avaient fait bâtir eux-mêmes.
 


le baptème des parents d'Alène
 

L’histoire
 
Il n’existe aucun élément historique qui confirme la légende elle-même, par contre, les lieux et les personnages cités existaient bel et bien à cette époque et ne sont donc pas mythiques.
On sait que les premières habitations du village de Forest naquirent le long des rives du Geleysbeek, affluent poissonneux de la Senne, vers le VIIe siècle, en période franque donc. Comme son nom l’indique, une vaste forêt s’étendait aux environs du village, lorsque Saint Amand vint y fonder un ermitage dédié à Saint-Denis.[3]                                                           
Dans nos régions, Saint Amand (585-676) fut à l’origine du monastère de Nivelles. C’est Sainte Itta, épouse de Pépin de Landen, qui fonda le monastère en 640 et Saint Amand consacra sa fille Gertrude, qui fut la première Abbesse de Nivelles. Gertrude, rappelons-le, était la marraine de Sainte Gudule, citée plus haut. Sainte Aline est bien contemporaine de Saint Amand et vécut effectivement à l’époque où celui-ci résida en Brabant, mais il n’est pas démontré que c’est Saint Amand qui instruisit puis baptisa la jeune fille.
Quant à l’ermitage de Forest, on sait qu’au VIIe siècle, un habitant du village, récemment converti à la religion chrétienne, offrit une maison en bois et torchis pour y créer un oratoire, qui deviendra l’église paroissiale. Cet oratoire fut consacré par Saint Amand  à Saint Denis l’Aréopagite (membre du Tribunal d’Athènes), converti par Saint Paul et devenu le premier évêque d’Athènes. Ce bâtiment, situé alors au milieu des bois et des marais, se trouvait à l’emplacement de l’actuelle plaine de jeux contiguë à l’église Saint-Denis que nous connaissons aujourd’hui. La chapelle de Sainte Alène et le sarcophage qui s'y trouvait semblent bien avoir fait  l'objet de pèlerinages et de dévotion populaire du VIIe au XIIe siècle. Mais la véritable notoriété n’apparaît qu’au XIIe siècle avec l’apparition de l’Abbaye de Forest.

L'Abbaye de Forest

Sur un terrain offert par Gislebert dAlost, l
abbé dAfflighem fonde en 1105 une communauté de moniales nobles ; en fait, des sœurs et épouses de nobles de la région qui sont partis en croisade. Gislebert d'Alost lui-même leur confie sa mère et sa sœur avant de partir en Terre Sainte.



Portail d’entrée de l’Abbaye de Forest

Ces moniales bénédictines étant cloîtrées, l’église du monastère devait être séparée de l’église paroissiale.
Dès le milieu du XIIe siècle une nouvelle église paroissiale est donc construite (la buiten-kerk).
Les moniales gardèrent l'
ancienne église (la binnen-kerk) qui sera remplacée au XIVe siècle par une vaste abbatiale. Vendus à la révolution française, labbatiale gothique et le cloître sont démolis vers 1810. Ne subsistent aujourd’hui que les bâtiments néoclassiques construits entre 1764 et 1770. Voilà pour la « binnen- kerk ».




Les bâtiments néoclassiques du XVIIIe siècle de l’Abbaye de Forest
 

Mais qu’en est-il de la « buiten kerk » ?                                    
La chapelle Sainte-Alène, église paroissiale indépendante à l’époque, date du XIIe siècle et garde des traces de cette époque (belle arcade en plein cintre et fenêtres, murées pour transformations ultérieures). Au XIIe siècle donc, on construisit contre la chapelle Sainte-Alène une église romane dédiée à Saint-Denis et remplaçant l’ancienne église en bois. L’église romane sera elle-même remplacée au XIIIe siècle par un bâtiment en gothique primaire: le chœur de l’église Saint-Denis actuelle. En 1470, outre d’autres transformations, la chapelle Sainte-Alène et l’église Saint-Denis ne formèrent plus qu’un seul édifice, par l’ouverture d’une arcade en arc brisé.


La chapelle Sainte Alène, vue du transept sud de l’Eglise Saint Denis
Et les restes de Sainte Alène ?                               
Le corps et le bras de la Sainte furent mis dans le tombeau de la chapelle Sainte-Alène au VIIe siècle et y restèrent jusqu’au XIIe siècle.
Sainte Alène sera canonisée en 1193 et les Abbesses de Forest n’y sont bien entendu pas étrangères. Aussi, c’est en grande pompe, le mercredi de la Pentecôte de l’année 1198, après avoir obtenu l’accord de l’Abbé d’Afflighem dont dépendait l’Abbaye de Forest, qu’eut lieu la translation des reliques de la Sainte de son sarcophage, conservé dans le tombeau de la chapelle, vers une châsse exposée dans l’Abbaye. Les miracles répertoriés et certifiés par l’Eglise se multiplieront rapidement à partir de ce moment.                                                  

En 1644 enfin, les ossements furent déposés dans une nouvelle et très belle châsse en argent et or, que l’on peut encore admirer de nos jours dans le chœur de la chapelle Sainte-Alène, ainsi qu’un reliquaire conservant un os du bras et un autre la mâchoire de la Sainte.



La châsse telle qu’on peut la voir aujourd’hui
dans la chapelle Sainte-Alène
 

Il ne fait aucun doute que les religieuses de l’Abbaye de Forest profitèrent longtemps de la légende de Sainte Alène pour attirer des pèlerins.
Certains auteurs modernes avancent même l’idée (non démontrée) que Sainte Alène était peut-être une religieuse douée de talents médicaux particuliers. A sa mort, on aurait bâti une histoire édifiante en l'identifiant à une jeune fille vertueuse, puis, on l'aurait vieillie de quelques siècles. [4]  
Ce qui est certain, c'est que les pèlerins venaient de loin pour prier sur sa tombe et devinrent vite une source de revenus pour l’Abbaye.
 
On a aussi constaté des similitudes entre la vie d’Alène  de Dilbeek et celle de Dymphe de Geel (fin du VIe siècle). Cette jeune fille, convertie à la religion chrétienne, dut fuir les avances de son père païen et incestueux. Rattrapée par ses soldats, puis rejointe par lui, son père lui trancha la tête dans un accès de colère quand elle réitéra son refus de l’épouser. Un ange aurait recueilli la tête coupée, nous dit la légende, et l’aurait recollée sur le corps de la martyre.
 
 

L’église Saint-Denis et la chapelle Sainte-Alène de nos jours
 
La légende en tableaux.
Comme son nom l’indique, une vaste forêt s’étendait aux environs de Forest lorsque Saint-Amand vient y fonder un ermitage dédié à Saint-Denis. A l’image de Saint-Denis, décapité, portant sa tête mitrée dans ses mains, Sainte-Alène apparait dans la symbolique portant son bras coupé ou arraché. Curieusement, les prélats portant leur chef sont souvent associés à la présence d’un site mégalithique (Paris, Chartres, Tournai, etc.).
La légende de Sainte Alène est retracée dans sa chapelle de Forest à travers 7 tableaux muraux et deux tableaux peints sur bois, l’un reprenant la légende en 10 scènes et l’autre en 12 scènes. Ce dernier date de 1527.
Une querelle de reliques agita les fidèles à la fin du XVIe siècle. Les Bénédictines de l’Abbaye de Forest, dont l’Eglise Saint-Denis était la propriété, défendirent l’exclusivité de la détention des reliques de la sainte, contre les habitants de Dilbeek qui prétendaient détenir dans leur paroisse les restes de la sainte. Leur Abbesse eut gain de cause et obtint en 1601 l’excommunication des Dilbéquois qui persistaient à affirmer détenir les reliques de Sainte-Alène.
 
Le mystère du tombeau.

La dalle de pierre bleue du tombeau, longue de 2m34 et large de 1m18, paraît dater du XIIe siècle. Elle est gravée d’un gisant de femme auréolée, identifié à la tête par une inscription  +ScA HELENA+ (Sainte Alène), laquelle en a peut-être remplacé une autre, entre les pieds. On a fait remarquer que la Sainte qui y est représentée tient dans ses mains un livre fermé, attribut réservé d’habitude aux Abbesses ou aux Saints auteurs d’écrits religieux importants, ce qui n’est pas le cas de Sainte Alène. Ce gisant aurait-il été gravé au départ à l’intention d’une autre Sainte ? Ou pour une des Abbesses de Forest ? Mais après tout, pourquoi la pieuse jeune fille qui se rendait de nuit à la messe n’aurait-elle pas droit à tenir un livre saint à la main tout comme Sainte Gudule ? [5]


la pierre tombale de Ste Alène

Cette dalle repose sur une structure aux arcades basses ajourées, censées permettre de voir le sarcophage dont on peut encore voir l’empreinte. Sans doute les pèlerins pouvaient-ils toucher les reliques de la Sainte par les arcades dont la largeur permettait tout au plus à un bras de s’introduire. Beau geste symbolique pour la vénération d’une Sainte martyre qui a eu le bras coupé ou arraché. Mais depuis 1644, les reliques de la Sainte sont contenues dans un très beau reliquaire aux armoiries des Abbesses de Forest.

 
Le cénotaphe de Sainte Alène
La grande pierre tombale recouvrant un tombeau vide, fait à nouveau penser à Saint Guidon et à la dalle de pierre bleue de son pseudo-tombeau, à Anderlecht. Sauf que dans ce dernier cas, il s’agit d’une table dolménique située dans la crypte et en dessous de laquelle passaient les pèlerins, avant de ressortir face à la lumière du soleil de midi.
Autre curiosité : au sommet de l’autel de la chapelle Sainte-Alène, figure une statue de la Sainte tenant dans la main gauche la palme du martyre et dans la main droite une épaisse branche de coudrier qui fleurit. Voilà un nouveau miracle prêté à Saint-Guidon que l’on attribue ici également à Sainte Alène. Dans les deux cas, il s’agit d’un bâton planté en terre et qui fleurit miraculeusement et se transforme rapidement en arbre.
En l’occurrence, ce coudrier, porte le nom d’avelinier. C’est une variété de noisetier à gros fruits appelés « avelines » (nux abellana), ce qui est tout-à-fait approprié à notre Sainte-Alène, alias Sainte Aline.
Parmi d’autres similitudes avec des légendes attribuées à Saint Guidon, signalons la mésaventure qui arriva à ce jeune homme insolent:
« Un jeune homme, qui passait un jour près de la Chapelle, s’avisa de se railler de ce que l’on disait de cet arbre (il s’agit de l’avelinier). Est-ce là, dit-il, ce noisetier, dont on n’ose pas cueillir les fruits ? Puis, poussant son cheval jusqu’à l’arbre, il voulut cueillir quelques noisettes ; mais à peine y eut-il porté la main, que son cheval expira sur le champ, et lui-même fut saisi de frénésie. Le père et la mère de ce jeune homme, désolés de ce qui venait d’arriver à leur fils, firent pour lui de grandes prières, et le Seigneur en ayant compassion lui rendit promptement la santé par l’intercession de Sainte Alène. »[6]
En ce qui concerne Saint Guidon, la légende est la suivante.
Nous sommes dans la seconde moitié du XIe siècle (42 ans après la mort du saint). Selon la tradition, un cheval heurta du sabot une pierre affleurant au sommet d’un tertre, quelque part sur le côté de la route de Mons, sur le territoire d’Anderlecht. Cette pierre s’avéra être un dolmen qu’on entoura d’une haie, faute de pouvoir le déplacer. Curieusement le cheval en mourut, de même que moururent dans la semaine les ouvriers chargés de déplacer la pierre et qui auraient manqué de respect au lieu. On reconnut alors le tombeau de Guidon et celui-ci opéra bientôt des miracles.
 
Sainte Alène en la collégiale des Saints Pierre et Guidon, à Anderlecht.



Sainte Alène tenant entre ses mains son bras arraché
Une fresque, peinte sur le mur du fond du Transept Nord de l’Eglise des Saints Pierre et Guidon à Anderlecht, nous représente le martyre de Sainte-Alène.
L’héroïne serre sur sa poitrine son avant-bras droit au poing fermé, tranché au coude. Il s’agit bien de Sainte-Alène, fille de Levoldus (ou Léopold), seigneur de Dilbeek. La fresque représente le père en chevalier, l’épée à la main, ayant à ses pieds la hache et le billot du martyre de sa fille, ainsi qu’un lion, attribut dû à son prénom (Leeuw-old = vieux lion). [7]                      
Alors ? A-t-elle eu le bras arraché par les soldats de son père ou le bras proprement tranché sur un billot comme le suggère la fresque de Saint-Guidon ? Cette dernière hypothèse semble peu crédible, car il ressort clairement des différentes versions de la Légende que le bras fut arraché violemment, certes, mais accidentellement, et non en exécution d’un jugement tel que ce fut le cas pour beaucoup de Vierges et Martyrs du début du christianisme. Mais l'histoire de ces illustres Saintes a peut-être influencé le peintre d'Anderlecht ?
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 [1] RP Hervé Savon, Introduction à « la Légende dorée » de Jacques de Voragine.
[2] Vie des Saints de Cambrai et d'Arras, par M. l'abbé Destombes, 1773 ; Acta Sanctorum, juin, t3.
 [3] Ed. de Moreau, S.J. – Saint Amand, Apôtre de la Belgique et du Nord de la France – Louvain, Museum Lessianum, 1927

[4] Gisèle Norro, Forest, petite chronique d’une abbaye, 1989
[5] Paul de saint-Hilaire, Bruxelles, mille ans de mystère, Rossel, 1978
[6] Vie des Saints de Cambrai et d'Arras, par M. l'abbé Destombes, 1773 ; Acta Sanctorum, juin, t3.
 7] Paul de Saint-Hilaire, Bruxelles, mille ans de mystère, Rossel, 1978
 



 
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