Saint Guidon d’Anderlecht
Saint Guidon
St Guidon est né à Anderlecht vers 950 dans une famille pauvre. Il fut d’abord garçon de ferme, puis devint sacristain à Laeken. Dès son jeune âge sa vie est exemplaire et auréolée
de bienfaits. [1]
« Dans son ardent désir de secourir les pauvres, il entreprit de faire du commerce afin de pouvoir multiplier ses aumônes, mais cette tentative se solda par un échec.[2] »
Sous l’influence du diable, nous dit la légende, il se serait associé à un marchand dans une entreprise fluviale, mais ce commerce fit faillite.
« Voulant alors faire pénitence pour s’être livré à une telle entreprise, il partit pour un pèlerinage à Jérusalem qui devait durer sept ans. 2 »
Le fait est qu’il parcourut le monde chrétien, visita de nombreuses églises en France, en Italie et en Espagne, entreprit plusieurs pèlerinages, dont celui de Rome et deux fois celui de Jérusalem, et revint au pays après sept ans de voyages.
Il se retira au monastère d’Anderlecht où il mourut de la dysenterie le 12 septembre 1012.
« Les miracles qui se produisirent par la suite sur sa tombe furent à l’origine d’un culte fervent. Celui-ci fit affluer à Anderlecht, dès la fin du XIe siècle, un grand nombre de pèlerins venus l’implorer principalement contre la dysenterie et les maladies du bétail. [3] »
On le considérait en effet comme le protecteur des écuries, des laboureurs et des sacristains.
« L’afflux fut tel que dès le XIIe siècle on dut élever une nouvelle église dont les dimensions seront quasi les mêmes que celle qui sera construite quatre cents ans plus tard.
Cette période correspond à la première mention en 1078, d’un chapitre de chanoines établi à Anderlecht. Ce chapitre, qui en 1195, lorsque ses membres obtinrent le patronat de l’église Saint Pierre, était encore qualifié comme étant « pauvre », se développa par la suite en une institution prospère qui transforma Anderlecht en un riche centre culturel et cultuel où les pèlerins des quatre coins du pays allaient côtoyer les plus illustres érudits de notre histoire, membres du chapitre ou leurs hôtes.
Parmi eux se trouvaient entre autres, Pierre Thymo et Jean Carondelet, futurs archevêques de Besançon et de Palerme, Adrien Boeyens qui, en 1522, devint pape sous le nom d’Adrien VI et le prince des humanistes, Erasme de Rotterdam. [3] »
Nous sommes dans la seconde moitié du XIe siècle (42 ans après la mort du saint). Selon la tradition, un cheval heurta du sabot une pierre affleurant au sommet d’un tertre, quelque part sur le côté de la route de Mons, sur le territoire d’Anderlecht. Cette pierre s’avéra être un dolmen qu’on entoura d’une haie, faute de pouvoir le déplacer.
Curieusement le cheval en mourut, de même que moururent dans la semaine les ouvriers chargés de déplacer la pierre et qui auraient manqué de respect au lieu.
On reconnut alors le tombeau de Guidon et celui-ci opéra bientôt des miracles.
Cet épisode est retracé sur une des parois de la châsse en bois du XVIe siècle qui contenait les ossements de St Guidon, actuellement exposée dans la chapelle St Guidon, à l’angle sud-ouest de la collégiale.
Le culte qu’on réserve à St Guidon à cette époque est semblable à celui dont jouissait précédemment St Gildas (saint écossais du VIe siècle), patron du bétail et des bedeaux, et dont l’attribut était un dolmen.
Sur la paroi opposée de la châsse de St Guidon, nous voyons une scène représentant le saint tenant le soc d’une charrue tirée par des chevaux (un blanc en avant-plan, un noir à peine visible) et qu’un ange vient guider. D’autres tableaux, comme celui de Gaspar De Crayer ou les tableaux naïfs du XVIIIe siècle qui décrivent sa légende, dépeignent St Guidon en prière pendant qu’un ange conduit la charrue et les chevaux.
Cet épisode de la légende de St Guidon correspond en tout point à une légende attribuée à St Isidore le Laboureur, saint espagnol de la région de Madrid, sauf que dans son cas la charrue est tirée par des bœufs. Comme St Isidore est mort en 1130, il est vraisemblable que cet épisode de sa légende n’a été transposé à St Guidon qu’au milieu du XIIe siècle au plus tôt (à moins bien sûr, mais c’est peu probable, que ce ne soit l’inverse).
Dans les scènes figurées sur les tableaux naïfs déjà cités (exposés dans la chapelle St Guidon), nous retrouvons également l’histoire du bâton de St Guidon, qui une fois planté se couvre de feuilles et donne naissance à un chêne. Celui-ci fut abattu en 1633 et remplacé par deux fois.
Le chêne actuel se trouve en bordure de l’avenue d’Itterbeek (à hauteur du n° 89) derrière une chapelle.
Voici le texte qui accompagne ces quatre tableaux :
- Saint Guidon depuis son enfance
De ses parents calma les maux
Et quoiqu'au sein de l'indigence
Il les nourrit par ses travaux.
- Un jour s’étant mis en prière
Comme au ciel il offrait ses vœux
Survint un ange radieux
Qui pour lui laboura la terre.
- Ce monument de sainteté
Ce chêne qui touche au nuage
Fut un bâton sec sans feuillage
Qui jadis Guidon a planté.
- Il remplit sa poche de terre
Mais Dieu qui règle le destin
Voulant soutenir sa misère
Transforma cette terre en pain.
Quant à la source que St Guidon fait jaillir d’un coup de bâton, nous pouvons la rapprocher de celle que St Isidore le Laboureur fait jaillir d’un coup de bêche.
Passant quasi inaperçu, un ancien panneau de bois fixé contre la paroi latérale sud de la crypte porte encore l’inscription « source de St Guidon », souvenir de la source à laquelle, jusqu’à la guerre 40, les anderlechtois venaient puiser de l’eau potable.
Cette source se trouvait au pied du dolmen où, selon la légende, les prêtres lavèrent le corps exhumé de St Guidon, et qui garde depuis cette époque des propriétés miraculeuses. L’ancienne fontaine publique du moyen – âge a été détruite lors de la construction de la clinique Ste Anne, à gauche de la collégiale, et seul le souvenir en reste sur certaines gravures anciennes d’Anderlecht.
Il est peut-être utile de rappeler ici que si Sainte Anne est souvent associée à des anciennes fontaines, c’est en tant que mère de la Vierge. Au niveau de la symbolique, elle reprend un rôle plus ancien, celui de la déesse - mère ou déesse-terre qui enfante la source pure, donc vierge, qui elle-même sera fécondée par le soleil et portera le Christ, qui est la Vie.
Terminons avec les similitudes en signalant que, comme pour St Roch, certaines représentations nous montrent un St Guidon le genoux gauche découvert, ce qui, en symbolique, est souvent le signe d’une initiation.
Parmi les autres attributs de St Guidon, nous retrouvons encore le cheval, le bœuf, la herse triangulaire, le chapelet (St Isidore également), l’habit de pèlerin et le navire sombrant dans la tempête. Ce dernier est une allusion au naufrage du bateau qu’il aurait affrété et qui aurait sombré en heurtant un banc de sable de la Senne.
Parmi les traditions folklorico-religieuses associées à St Guidon, la plus spectaculaire était la cavalcade de la Pentecôte :
« Les cavaliers aux montures enrubannées s’élançaient à bride abattue autour de l’église d’Anderlecht. Et le vainqueur au troisième tour devant le portail, le franchissait à cheval et le chef couvert, pour recevoir des chanoines une couronne de roses. Mettant pied à terre … le champion s’enfonçait alors dans les profondeurs d’une crypte où il allait devoir, et après lui tous les autres pèlerins, se faufiler sous une énorme table de pierre.
Or la table, qu’on disait être le tombeau de St Guidon, ressemblait furieusement à un dolmen, comme ce Guidon de sous terre, avec sa fontaine et son chêne proches, pouvait bien n’être que le sosie du Gallois Guidas … [4] »
Aujourd’hui, la cavalcade a été supprimée et la procession de St Guidon a été déplacée au 12 septembre, date anniversaire de la mort du saint.
L’entrée principale se trouve, comme dans toutes les églises du Moyen-Age, à l’Ouest.
Après avoir gravi sept marches, le pèlerin se retrouvait autrefois face au tympan contenant trois statues datant de 1503 : la Vierge à la grappe, St Pierre et St Guidon.
Ces statues ont été retirées lors de la restauration de 1994 et se trouvent aujourd’hui dans la chapelle de Notre Dame de Grâce.
Notons que, dans le langage des cathédrales, la grappe de raisin est souvent un symbole de connaissance, de même que, depuis l’antiquité (avec Dionysos) jusqu’à la renaissance (avec Rabelais et la dive bouteille), le vin qu’on en tire a été de façon constante utilisé comme un autre symbole de la connaissance.
St Pierre tient dans ses mains des clefs et un livre ouvert.
La statue sensée représenter St Guidon le montre en habit de pèlerin, un livre ouvert à la main gauche, le bâton de pèlerin avec le bourdon à droite et le grand chapeau des pèlerins de Compostelle sur la tête.
Il s’agit en fait d’une représentation de St Jacques de Compostelle qu’on a rebaptisé St Guidon pour la circonstance. St Jacques a en effet écrit des épîtres, ce qui justifie le livre ouvert, alors que ce n’est pas le cas de St Guidon. Tous les autres attributs sont également ceux de St Jacques. Au sommet du chapeau, l’emplacement de la coquille est vide mais nettement dessiné en creux. Il est probable qu’il fut une époque où une coquille y a effectivement figuré.
Pénétrant alors par le collatéral nord, le Cherchant qui effectue son pèlerinage passe successivement à côté de représentations de martyrs, comme une invitation à devenir lui-même un Souffrant à l’imitation de ces modèles. Il passera successivement devant le martyr de St Erasme, dont on enroule les entrailles, de Ste Wilgeforte, crucifiée, et de Ste Alène, au bras sectionné, pour arriver à une gigantesque fresque représentant St Christophe.
Le géant chrétien (comparable à Hercule) tient un bâton feuillu dont la base désigne l’entrée de la crypte, tandis qu’à l’arrière plan (en haut à droite) un ermite tenant une lanterne semble indiquer qu’un guide est toujours présent pour le Persévérant qui veut poursuivre sa quête.
Suivons donc l’invitation de St Christophe et descendons maintenant dans la crypte [5].
Nous pénétrons ici dans les vestiges les plus anciens de la collégiale puisqu’ils datent, selon la plupart des spécialistes, du dernier quart du XIe siècle (certaines sources précisent qu’elle aurait été construite de 1078 à 1092).
“Il s’agit d’une construction massive, large de 14,30 m et profonde de 12,04 m. Elle est éclairée par de petites fenêtres et séparée en cinq nefs par deux rangées de colonnes et quatre piliers encastrés de demi-colonnes. Le chœur se compose uniquement d’un abside à trois pans.
…
Les quatre colonnes centrales contribuaient à caractériser cet édifice beaucoup plus qu’il n’y paraît aujourd’hui. On s’accorde pour constater que ces quatre colonnes, monolithes en grès rouge-brun, ont été réutilisées et proviennent sans doute d’un édifice romain situé à cet endroit. Elles portent les traces évidentes d’une exposition aux intempéries. [6] ”
Une des principales fonctions d’une crypte est, traditionnellement, d’être un lieu de recueillement où l’on vénère les reliques d’un saint. Mais à St Guidon aucune relique n’est proposée à la vénération des fidèles. L’élément marquant de la crypte est ce qu’on appelle le “tombeau de St Guidon” qui n’en a que le nom puisque personne n’y est enseveli. Il s’agit d’une pierre en forme de trapèze, posée, comme un dolmen, sur deux socles de pierre blanche.
Selon la tradition, partant du centre de la crypte, les pèlerins passaient sous la pierre, entre les deux socles, et ressortaient du côté sud.
On retrouve un rite semblable à Andenne, au tombeau de Ste Begge, associé à des allignements mégalithiques. Il en est de même à Port-Blanc où, à la Pentecôte, les pèlerins venaient en procession avec leurs chevaux décorés de fleurs, puis se faufilaient sous le dolmen de St Gildas.
La décoration de la « pierre tombale » ne comporte ni croix, ni inscription, mais une sorte de socle à trois degrés d’où sort une grosse branche avec quatre larges feuilles disposées deux à deux. Certains y voient une branche de coudrier telle qu’en aurait planté St Guidon sur les tombes du cimetière de Laeken. Ces feuilles stylisées et la forme trapézoïdale de la pierre font plutôt penser à une œuvre mérovingienne ou carolingienne qu’à un travail chrétien. 7
Il existe pourtant une pierre tombale tout-à-fait semblable dans l’église Notre-Dame de Bruges. Elle est en pierre de Tournai et date de 1230 environ (actuellement elle se trouve au Bruggemuseum, Gruuthuse, à Bruges). Les spécialistes considèrent sa forme trapézoïdale et son décor stylisé comme caractéristiques de la production romane tardive de Tournai. En symbolique, l’arbre de vie confère l’immortalité de même que la croix du Christ. Le fait que cet arbre figure sur des degrés, comme les calvaires, semble bien le confirmer (Gen. 3 : 24).
Le plus étrange est sans doute la disposition du tombeau ou dolmen, un peu à droite du centre de la crypte, coincé entre deux colonnes, dont une a du être un peu rognée au niveau du socle pour pouvoir y placer le tombeau, ce qui exclut tout hasard : la place du tombeau a manifestement été soigneusement calculée.
Le centre de la crypte est marqué par les quatre colonnes romaines au fût renversé, le chapiteau servant de base. Lorsqu’on lève la tête vers la voûte, le point d’intersection de la double diagonale qui part des quatre colonnes constitue le centre exact de la crypte.
Passant par ce centre, le pèlerin passait en dessous du dolmen (l’espace fait 67 cm de haut et 35 cm de large) et se retrouvait face à la lumière du midi solaire, qui lui parvenait par une fenêtre orientée plein sud. On pourrait peut-être voir dans ce retournement, la descente en soi puis le retournement, c’est à dire la « conversion » (convertere = se retourner), nécessaire au pèlerin pour atteindre la lumière.
En fait le pèlerin parcourait l’axe nord-sud de la crypte et se trouvait donc sur la méridienne.
Quant au point central d’où il venait, la perpendiculaire élevée sur la méridienne indique l’axe est-ouest et passait par une autre fenêtre située derrière l’autel de St Pierre.
Celle-ci a été occultée lors des travaux de restauration de la crypte, mais le pourtour de la fenêtre est encore visible. En principe, celle-ci devait indiquer le lever de soleil d’équinoxe.
Selon Paul de Saint-Hilaire, deux autres fenêtres latérales s’ouvrent à 53° à l’est de l’axe nord-sud, indiquant ainsi les levers de soleil des solstices 8. Si l’issue à l’air libre de ces fenêtres se trouve en effet dans l’axe des levers de la St Jean d’hiver (sud-est) et de la St Jean d’été (nord-est), il semble que l’amorce de celles-ci au niveau de la crypte ait été modifié lors des restaurations successives (celle de 1893 en particulier) et cette hypothèse est donc actuellement invérifiable.
Il faut croire que le message de géographie sacrée transmis par ce tombeau et ce qui l’entoure en a dérangé plus d’un car la crypte est restée fermée pendant plus de trois siècles, de 1527 à 1892. Ce n’est que le 2 octobre 1892, après des travaux de restauration, qu’elle fut solennellement bénie et ouverte à nouveau aux fidèles. 9
Sortons maintenant de la crypte par l’escalier sud.
Le pèlerin se retrouve dans le transept sud, dominé par une représentation de la Transfiguration du Christ. Le pèlerin qui vient de recevoir la lumière est ainsi invité à poursuivre sa quête jusqu’à l’illumination finale.
Un résumé de la symbolique associée à St Guidon figure dans la chapelle de Notre-Dame de Grâce, fermée par une grille. Construite en 1400, elle était consacrée primitivement à St Guidon. Une fresque du XVe siècle retrace la vie miraculeuse du saint et fait office de synthèse de tout ce que le pèlerin vient de découvrir.
L’actuelle chapelle St Guidon date de 1527 et recueille aujourd’hui un ensemble de tableaux, mobiliers et objets intéressants sans doute, mais sans signification particulière du fait qu’ils sont sortis des suites symboliques dans lesquelles ils auraient pu s’inscrire à l’origine. C’est là que les fidèles se rassemblèrent pour prier St Guidon à la fermeture de la crypte.
Certains se demanderont peut-être quelle utilité peut bien avoir de nos jours une recherche sur St Guidon ? Il me semble qu’on peut y trouver de l’intérêt à plusieurs niveaux:
a. intérêt historique
L’intérêt historique est évident:
- le site devait avoir une certaine importance au début de notre ère, puisque les vestiges d’un temple romain ont été retrouvés et ont survécu jusqu’à nos jours
- la présence d’un ensemble dolmen - arbre - source conforte la vraissemblance d’une fréquentation du lieu par nos ancètres celtes ou gaulois à une époque indéterminée (pré- romaine ?)
- à partir du XIe siècle un développement social, culturel et cultuel important et croissant apportera la prospérité à l’endroit et à l’ensemble de la commune et même un retentissement international qui culminera à l’époque d’Erasme.
b. intérêt religieux
L’intérêt religieux est d’abord lié à l’intérêt historique:
- les traces romaines sont celles d’un temple, donc d’un édifice religieux
- la présence associée d’un dolmen, d’un arbre et d’une source est en général indicatrice d’un lieu de culte “païen”, c’est à dire lié à une religion antérieure au christianisme ou simultanée, mais non chrétienne
- le développement du chapitre d’Anderlecht à partir de la fin du XIe siècle semble étroitement lié au succès du pèlerinage à St Guidon
- la construction de la crypte qui date, selon la plupart des spécialistes, du dernier quart du XIe siècle, renforce l’importance religieuse primitive du site
- le développement d’une grande ferveur populaire qui durera jusqu’au début du XXe siècle, et les agrandissements et embellissements successifs de la collégiale pour en faire un édifice prestigieux, confirment son intérêt religieux.
c. intérêt spirituel
Nous entendons par intérêt spirituel, ce qui favorise le développement de l’Esprit dans l’individu et la Connaissance apportée à celui-ci, alors que l’intérêt religieux est davantage lié à la religion proprement dite et donc à la croyance . Insistons toutefois sur le fait que cette approche n’implique aucun jugement de valeur entre croyance et connaissance, celles-ci n’étant d’ailleurs pas incompatibles, quoiqu’en disent certains.
Chez les Celtes, la Grande Ourse - ou Grand Chariot - est tirée par un cheval blanc. La charrue de St Guidon tirée par un cheval blanc et conduite par un ange pendant le sommeil du saint est probablement une allégorie pour nous désigner le travail nocturne de la constellation (la charrue) à travers le zodiaque (dont le sens premier est « chemin des vivants ») guidée par les énergies célestes (l’ange). Le fait qu’un second cheval, de couleur foncée apparaisse sur certaines représentations illustrant cette légende pourrait être une allusion à la dualité jour – nuit, lumière – ténèbres.
La plupart des cryptes servent de lieu de vénération pour des reliques, or ici point de reliques : le dolmen - pierre tombale ne recouvre aucune dépouille. Le rôle de la crypte est, semble-t-il, d’attirer l’attention sur les orientations solaires qui y sont marquées, ce qui tend à confirmer l’importance du lieu sur le plan de la géographie sacrée.
De plus, l’association dolmen enterré, source, arbre et soleil n’est-elle pas à mettre en rapport avec les éléments terre, eau, air et feu ?
Nous sommes manifestement dans un lieu à la fois consacré et orienté. Dans quel but ?
Le pèlerin descend sous terre, puis, à partir du centre, passe sous le dolmen et découvre en ressortant la lumière qu’il est venu chercher. C’est là une invitation à descendre en lui-même, puis, s’étant re-centré, à passer par la porte étroite de la nouvelle naissance pour atteindre la lumière de la Connaissance. N’est-ce pas clairement à la mise en scène d’un processus initiatique que nous venons d’assister ?
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[1] De S. Guidone Confessore, Anderlaci in Brabantia prope Bruxellas, Acta Sanctorum, 1752
[2] Dictionnaire historique des saints, SEDE, 1964
[3] Marcel Jacobs, la Collégiale des Saints Pierre & Guidon, Anderlechtensia, 1998
[4] Paul de Saint-Hilaire, Bruxelles mille ans de mystères, Rossel, 1978
[5] Au moment ou ces lignes sont écrites, l’accès à la crypte se fait exclusivement par l’escalier situé au collatéral Sud, alors que traditionnellement l’entrée se faisait par le collatéral Nord et la sortie par le collatéral Sud.
[6] Marcel Jacobs, La Collégiale des Saints Pierre & Guidon, Anderlechtensia, 1998
7 Marcel Jacobs, la Collégiale des Saints Pierre & Guidon, Anderlechtensia, 1998
8 Paul de Saint-Hilaire, Bruxelles mille ans de mystères, Rossel, 1978
9 Marcel Jacobs, La Collégiale des Saints Pierre & Guidon, Anderlechtensia, 1998