Louis-Claude de Saint-Martin
Louis-Claude de Saint-Martin
Louis-Claude de Saint-Martin est surtout connu comme mystique et rituéliste français.
Il naquit à Ambroise, le 18 janvier 1743, dans une famille riche et noble.
Sa mère mourut lorsqu’il était encore enfant, mais il eut une belle-mère généreuse et indulgente.
Son père le destinait à la magistrature. Il fit donc des études de droit au collège de Pont-Levoy puis à la Faculté de droit de Paris. Mais le droit l’excédait ; bien que physiquement frêle et adonné aux recherches de l’esprit, il décida de changer de carrière et acquit un brevet d’officier.
Avant de revêtir l’uniforme, il fut initié à la franc-maçonnerie. Il faut dire que Saint-Martin s’était consacré très jeune aux études philosophiques et religieuses et que la maçonnerie de l’époque était profondément chrétienne.
Alors que son régiment était en garnison à Bordeaux, il entra en contact avec le nouveau Rite introduit dans la Maçonnerie par Martines de Pasqually. Saint-Martin fut initié au Rite des Elus-Cohens en 1768.
Martines de Pasqually
Il développa ensuite ses connaissances par une lecture approfondie des œuvres du théologien et mystique suédois Emmanuel Swedenborg (1668-1772).
Emmanuel Swedenborg
En 1771, il quitta l’armée pour devenir guide et instructeur dans le domaine particulier du mysticisme.
En 1772, il devient Réau-Croix, le degré le plus élevé du système de Martines de Pasqually. Ensuite il abandonna la voie théurgique cérémonielle pour suivre une voie mystique personnelle, tout en reconnaissant que c’est à Martines de Pasqually qu’il devait, je cite : « son introduction dans la vérité supérieure ».
Ordre des Elus-Cohen
Saint-Martin visite l’Italie en 1774, puis en 1787 avec le prince de Galitzine.
En 1788, il se rendit à Strasbourg, où il approfondit son étude des œuvres du philosophe Jacob Boehme (1575-1624), dont il traduisit une partie en français. Saint-Martin sera d’ailleurs un propagateur de l’œuvre de Boehme, mais en la marquant de sa propre expérience mystique.
Jacob Boehme
Rentré à Paris, Saint-Martin affronte la tourmente révolutionnaire.
Plus tard, il visita Londres, où il résida pendant plusieurs mois. Il y fit la connaissance de l’astronome Herschell et y connut les écrits de William Law, l’excellent exégète anglais de Boehme.
Saint-Martin mourut inopinément à Aulnay, le 13 octobre 1803, alors qu’il était en prière.
Bien que Saint-Martin ait été élevé en strict catholique, et bien qu’il soit toujours resté en bons termes avec l’Eglise catholique romaine, son premier livre « des erreurs et de la vérité » fut mis à l’index.
Pour Saint-Martin, la société idéale était une « théocratie naturelle et spirituelle », au sein de laquelle Dieu susciterait des hommes d’élite, qui se considèreraient comme « mandataires divins », appelés à guider le peuple.
Saint-Martin ne se maria jamais, mais il avait un vaste cercle d’amis et d’admirateurs, qui comprenait bon nombre de figures de proue du monde intellectuel. Parmi ceux-ci, on distinguera un cercle de disciples fervents et discrets : les Intimes de Saint-Martin (IS).
Le concept essentiel de la philosophie mystique de Saint-Martin est que l’homme reste d’essence divine en dépit de la « chute » décrite dans l’Ecriture.
Dans l’être humain sommeille un principe spirituel de haute qualité, dont l’homme n’est pas toujours conscient, et qu’il doit développer ou libérer en se délivrant de l’illusion matérialiste.
Boehme fournit notamment à Saint-Martin l’idée extrêmement importante de la Sophia, ou Sagesse divine, principe féminin de Dieu, dont la partie masculine est le Logos. Ainsi, pour Saint-Martin, la démarche de théurge (mieux nommé théosophe) conjugue le travail intérieur, principalement sophiurgique, avec l’étude de la matière dont le symbolisme dévoile la Sophia qui l’anime.
Saint-Martin publia une quinzaine de livres, dont plusieurs sous le pseudonyme du « Philosophe Inconnu », ce qui nous permet de comprendre pourquoi ses disciples actuels ouvrent leurs travaux « au nom et sous les auspices du Philosophe Inconnu, notre Vénéré Maître ».
Louis-Claude de Saint-Martin croyait et enseignait que grâce au Christ – seul Réparateur et Médiateur – l’homme peut être réconcilié avec Dieu sans souffrir des imperfections des rites magiques révélés par Martines de Pasqually. Selon le Philosophe Inconnu, la Toute-Puissance Christique rend inutile le recours aux « puissances intermédiaires ».
Saint-Martin définit le retour à l’état édénique, « la réintégration », selon une optique toute intérieure : la quadruple opération du cœur, qui est amour, connaissance, maîtrise de soi-même et charité universelle.
« La seule initiation que je cherche de toute l’ardeur de mon âme (écrit-il) est celle par laquelle nous pouvons entrer dans le cœur de Dieu et faire entrer le cœur de Dieu en nous pour conclure un mariage indissoluble qui nous fait l’ami, le frère et l’époux de notre Divin Réparateur … Pour arriver à cette sainte initiation, il faut nous enfoncer de plus en plus dans les profondeurs de notre être et ne pas lâcher prise que nous ne soyons parvenus à en sortir la vivante et vivifiante racine. »
*
* *